David Husvik - Extol - Elements of Rock 2013

publié par Johnar, Lahminewski le 23 août 2013

En se promenant innocemment dans le hall du festival, nous avons eu la surprise de rencontrer David Husvik, le batteur et fondateur du légendaire groupe Extol, qui n’avait apparemment rien à faire là. Entrevue très chouette autour d’un petit café.


Salut, je te laisse te présenter ?

Salut, je m’appelle David Husvik et je suis le batteur d’Extol, un groupe d’Oslo qui a vingt ans d’existence cette année. Nous avons enregistré cinq albums entre 1998 et 2005. Ensuite nous avons fait une longue pause, entre 2007 et 2011, puis nous nous sommes reformés, et avons décidé de faire de notre mieux pour enregistrer notre meilleur album de tous les temps. Voilà !

Que fais-tu ici, aux Elements of Rock, alors qu’Extol n’y joue pas ?

Je suis ici en qualité de roadie batterie pour Jayson Sherlock, qui est un excellent ami, et que je ne vois pas très souvent alors ça fait une pierre deux coups !

Vous étiez très jeunes quand vous avez fondé le groupe. Aviez-vous déjà l’envie de vous exporter et d’enregistrer tous ces albums ?

Je me souviens que quand j’avais six ou sept ans je regardais la collection d’album de mes frères, spécialement ceux de Stryper. Ils m’inspiraient beaucoup et je voulais faire la même chose qu’eux. Il faisaient de la musique puissante et ils avaient des textes qui glorifiaient Dieu. Ils louaient Dieu avec ce genre de musique, et j’ai décidé à cet âge-là que moi aussi je le ferai. J’ai commencé la batterie à l’âge de onze ans, et à quatorze ans je jouais avec divers petits groupes autour de chez moi, mais ce que je voulais vraiment c’était jouer dans un groupe de rock chrétien. Donc j’ai forcé mon cousin Christer à acheter une guitare, ce qu’il a fait. Il n’avait aucune expérience, moi je jouais depuis environ quatre ans, mais nous avons commencé à composer des morceaux. Quelques mois plus tard, son frère Peter nous a rejoints pour le chant et la basse, et ça, c’était le tout début d’Extol. Au début, on se disait qu’on serait heureux si on arrivait à enregistrer un album. C’était notre but. Mais après quelques temps, on a commencé à rêver. De grands rêves. Et à chaque fois qu’on se voyait, on priait Dieu de nous utiliser si c’était sa volonté, et de bénir notre musique. Et nous voilà maintenant, presque vingt ans et six enregistrements plus tard, et le prochain qui sort bientôt... C’est tout simplement incroyable !

Quand et comment es-tu devenu chrétien ?

J’ai grandi dans une famille chrétienne, qui était très impliquée dans l’église locale. Ce n’était pas une église traditionnelle, même un peu bizarre sur certains aspects, mais très équilibrée, je pense. Du coup j’ai grandi dans un bon cadre, assez sécurisé mais sain. Je pense que mes parents étaient de bons exemples pour moi. Ils m’ont montré que la vie avec Dieu pouvait être naturellement mélangée à la vie de tous les jours, que c’était une bonne chose d’honorer Dieu par toutes choses et de ne rien considérer comme dû, et que d’agir comme ça est la clé du succès. Mon père a été missionnaire en Biélorussie, ensuite en Roumanie et en Ukraine actuellement. Ça fait vingt-deux ans qu’il est là-dedans. Quand tu grandis dans une famille comme ça, et que tu te sens aimé, que tu sais que tes parents vivent réellement avec Dieu, tu sais que Dieu est vivant, que Jésus est la vérité. Que ce soit à la maison ou à l’église, c’était naturel. Quand j’ai grandi, vers quinze ou seize ans, j’ai vraiment senti que cette vie était aussi pour moi. Spécialement avec Extol, j’ai senti que Dieu était présent et qu’il avait un but pour ma vie. Je crois qu’il nous a utilisés pour toucher les gens au-travers de notre musique.

Pour quelle raison vous êtes-vous séparés ?

C’est plutôt à Peter, notre chanteur qu’il faudrait poser la question. Il pourrait mieux l’expliquer. Mais en gros il a eu une sorte d’acouphène. Ça le stressait beaucoup, il n’était pas du tout à l’aise de continuer à faire de la musique, et donc c’est pour ça qu’on a fait une pause. On l’attendait.

Et ça va mieux maintenant ?

Absolument ! Ça va un peu mieux chaque jour, et il a récupéré sa créativité ! On vient de finir notre nouvel album, ça veut dire qu’on a composé onze nouveaux titres. On espère qu’un jour on pourra de nouveau jouer en concert.

Qu’est-ce qui a entraîné une telle diversité dans vos influences musicales ?

Quand tu rêves, tu cherches sans arrêt les choses dans l’avenir. Quand tu es créatif et que tu rêves, tu ne peux pas t’arrêter à ce que tu as fait et en être content. Tu cherches toujours plus loin. C’est précisément ce qu’on a fait. On rebondissait sans arrêt sur de nouvelles idées, de nouvelles inspirations, on ne se cantonnait pas à une chose, on voulait en faire dix en même temps ! Du coup on a mélangé beaucoup de genres, beaucoup d’inspirations, et ça fait que nos morceaux ont une grande diversité.

Que peux-tu dire à propos du documentaire sur Extol ?

Ça a démarré avec Peter, qui a décidé de convertir nos cassettes vidéos en support digital. Pendant ce processus, en regardant toutes ces vieilles vidéos, il s’est dit : "Ah ouais, on a fait tout ça, et ça a l’air d’avoir plu aux gens ! C’est bizarre..." et il m’a demandé si l’idée de faire un documentaire pour les fans avec tout ça était bonne. J’étais assez réticent, déjà parce qu’on était très contents du niveau de notre nouvel album, et que d’avoir un film d’un niveau plus bas qui sortirait en même temps ne me disait rien. Je pensais à la fortune que ça pouvait coûter, et nous n’en avions pas les moyens. Mais lui avait des contacts, et un de ses amis est réalisateur professionnel de courts métrages et de documentaires. Il avait beaucoup d’idées, pas seulement pour les archives d’Extol, mais aussi sur le fait d’être un groupe chrétien évoluant dans un milieu parfois hostile, où les gens ne nous aiment pas, nous rejettent à cause de nos textes. La plupart des groupes locaux chantent plutôt pour Satan et sont souvent anti-chrétiens, donc pourquoi accepter un groupe qui chante pour Jésus ? Et donc le réalisateur a été très inspiré par cet aspect-là, et a décidé d’explorer aussi dans cette direction. Ses sujets étaient notre histoire, la difficulté d’être un groupe chrétien engagé, mais aussi la difficulté d’être accepté dans une église, des avis différents sur la façon dont il est possible de servir Dieu.

Comment est-ce que tu vois le mouvement metal chrétien actuel par rapport à avant ?

Je pense que le milieu est différent. Dans les années 80 et 90, les groupes étaient séparés en deux scènes très distinctes : la scène chrétienne et la scène séculaire, et les groupes chrétiens restaient dans la scène chrétienne. Il y avait quelque groupes qui défendaient le fait d’être simplement des musiciens, même si ils étaient chrétiens, et qui jouaient un peu n’importe où, que ce soit un bar ou une église. Extol était comme ça. Mais aujourd’hui, il me semble que le milieu metal a accepté le fait qu’on puisse être chrétiens et faire du metal. Et tant que la musique est bonne, les groupes chrétiens sont plus facilement invités à jouer dans des festivals ou à signer dans des grands labels. Ça ne se serait jamais produit il y a vingt ans. Une autre chose, il me semble, c’est que le death metal et le brutal sont devenus plus populaires. Avant, les gens étaient plus portés sur la musique alternative, le grunge ou le hardcore. Dans les années 90, le death n’était pas populaire du tout ! Mais maintenant beaucoup plus, ainsi que la musique progressive.

Comment as-tu rencontré Jayson Sherlock ?

Je crois que je lui avais envoyé un e-mail sur MySpace en 2006. J’étais un grand fan de Mortification depuis mes jeunes années, et j’avais longtemps cherché son nom sur internet pour en savoir plus sur lui, si il était encore actif ou si il faisait de la musique autre qu’avec Mortification, Horde et Paramæcium. Je n’avais jamais rien trouvé. J’étais très curieux à son propos, parce qu’il représentait une grande inspiration pour mon jeu. En 2006, il était invité au Nordic Fest à Oslo pour jouer avec Paramæcium et Horde, et moi j’y étais en tant que roadie pour la batterie durant tout le festival, qui se tenait sur mon lieu de travail. On a donc planifié de se rencontrer, et il est venu me voir pendant ce temps, et on est simplement devenus amis. C’est pour ça aussi que je suis là ; je suis son roadie ce soir, mais aussi depuis qu’on est amis on a décidé de se voir en Europe parce qu’il n’est pas là très souvent.

Étais-tu déjà venu en Suisse ?

Je suis venu plein de fois quand j’étais enfant, mes parents m’ont emmené faire du camping un peu partout en Europe. En 2001 on a joué à Aarau avec Extol, et en 2005 à Vevey avec Mastodon. Donc oui, je suis déjà venu pas mal de fois.

Et que penses-tu du festival ?

J’aime beaucoup ! J’aime ce pays, j’aime les gens qui sont ici, ils sont super gentils, très accueillants, et je me réjouis vraiment de voir l’ambiance de ce soir, de profiter des concerts et de rencontrer les gens. C’est le plus important dans un festival, d’après moi. Et ici, il n’y a pas de distance entre les musiciens et les festivaliers.

Qu’est-ce que tu peux dire à propos du dernier album ?

Je sais pas trop ce que je peux en dire, parce que les choses ne sont pas officielles, donc je ne peux pas dire le titre ou des trucs comme ça. Ce que je peux dire, c’est qu’on entend clairement que c’est Extol. C’est une sorte de synthèse des années d’existence de notre groupe. C’est super puissant, très mélodique, la voix de Peter est plus brutale que jamais. Le son aussi est meilleur que jamais. L’album a été mixé par Jens Bogren, qui s’est occupé aussi d’enregistrements pour Opeth, Katatonia ou Soilwork, et il sait vraiment ce qu’il fait. Pour la première fois je crois, on est tous contents avec l’enregistrement. Quand on sort un album en général, il y a toujours un truc qui aurait pu être mieux, qu’on aurait pu faire différemment. Surtout avec la batterie, je suis rarement très satisfait. Mais cette fois, je suis super content !


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