No Innocent Victim (Freakstock 2006)

publié par Séb le 20 août 2006

Samedi après-midi au Freakstock. Après avoir croisé Jason Dunn, patron de Facedown Records, en train de monter son stand, nous nous rendons en backstage pour faire l’interview de No Innocent Victim avec Jason Moody, le chanteur, Dave Quiggle et Tim Mason, les deux guitaristes. Longue et passionante entrevue à venir...


No Innocent Victim
- Séb (Eternel.ch) : Salut, est-ce que vous pouvez vous présenter. Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?
- Jason Moody : Nous sommes No Innocent Victim, de Californie du Sud. Je donne juste la composition du groupe. Donc, Jason Dunn à la batterie, Dave Quiggle à la guitare, Tim Mason à l’autre guitare, Neil Hartman à la basse et je suis Jason Moody, à la voix.

- Séb : Après 3 années d’interruption, vous avez redémarré le groupe, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
- Jason Moody : Le fait d’avoir été dans un groupe, d’avoir joué dans de nombreux festivals, d’avoir fait divers concerts, nous avons vu des choses chez les autres groupes, avec le public, pendant les concerts... c’était perturbant, affligeant. Tu ne pouvais pas faire la différence entre un chrétien et un non chrétien. Pas seulement à cause de tatouages ou de la manière dont ils étaient habillés, mais à cause de la manière dont ils agissaient. Et quand nous avons commencé ce groupe (NDT : en 1992), ce dans quoi nous allions était comme une pièce très sombre et du coup la petite lumière que nous avons amenée était importante mais c’était comme si les chrétiens, au lieu de garder cette lumière, l’ont éparpillée avec tous les non-chrétiens. C’était perturbant et plusieurs d’entre nous en ont discuté. On a parlé de cela et peut-être juste de la possibilité de jouer un dernier concert et ensuite partir... tu vois, faire un concert chez nous et ils ont dit « hé les gars, vous faites quoi ? », tu vois ? On a vraiment tenté de leur montrer les erreurs dans leur manière de faire. Et alors que nous priions pour cela il s’est avéré que quelques autres types priaient exactement pour la même chose alors que l’on ne s’était ni vu ni parlé. Du coup, quand on s’est vu on a dit « hé, vous savez, on pense à cela, on priait pour ceci depuis 2 semaines, la même chose ! ». On le savait, on savait qu’il y avait beaucoup de choses à faire, donc... (NDT : le groupe s’est remis ensemble).

- Lymf (Eternel.ch) : Après ces 3 années de pause, vous avez repris. En arrêtant, vous étiez chez Victory Records, très grand label et vous étiez très connus. Est-ce qu’en reprenant vous êtes repartis du même point ou est-ce que c’était différent ?
- Jason Moody : Ouais, il y avait beaucoup de groupes qui étaient le genre de formations qui ouvrent une soirée et qui sont maintenant des groupes énormes. Ces combos-là, qui étaient tout petits, vendent maintenant 10 fois plus d’albums que tout ce que nous avons pu vendre sur notre vie entière. Beaucoup de choses ont changé... la musique et... je ne sais pas. Victory Records a triplé de taille pendant ces 3 années, mais les ventes d’albums ont aussi explosé. Et on savait qu’on était comme des petits poissons, tu vois ce que je veux dire ? Du coup, c’est pour ça qu’on a voulu aller chez Jason Dunn (patron de Facedown Records) pour faire l’album sur son label et avoir le control total sur tout ce que l’on a fait, autant que nous voulions. C’est la décision qu’on a prise.

- Fab (Eternel.ch) : A propos de To Burn Again, quelles réactions avez-vous reçu de la part du public, des critiques, de la scène hardcore, chrétienne ou pas ?
- Dave Quiggle : Heu, j’ai pu remarqué de très bonnes critiques de la part des magazines séculiers. J’ai rejoint le groupe alors que la majeure partie du nouvel album avait déjà été écrite, donc je n’ai pas grand chose à voir avec et donc je peux dire cela. J’ai lu beaucoup de chroniques et elles étaient très positives, même dans les plus grands magazines séculiers. Dans ce genre de musique, NIV est plutôt différent actuellement. Il y a beaucoup d’emocore ou de metalcore et de trucs comme ça et je pense que les magazines ont été enthousiasmés d’avoir la sortie de cet album à ce moment-là qui possédait quelque chose qui ressemble beaucoup à la musique qui leur a donné l’envie d’être dans cette scène là et d’y travailler. Donc ouais, je pense qu’il a été bien accueilli.

- Séb : Toujours à propos du nouvel album, pourquoi avoir ré-enregistré d’anciennes chansons ?
- Jason Moody : Tout simplement parce qu’elles avaient été enregistrées de la pire des manières qui soit, probablement dans le salon d’un type pour 500 dollars. C’est le pire enregistrement que l’on ai jamais fait et du coup c’était des chansons que l’on voulait maintenant, que l’on joue occasionellement. En plus, l’album sur lequel elles étaient est épuisé et on s’est dit que le nouveau public voudrait peut-être ces chansons. On les joue toujours, du coup comme ça, ils peuvent les reconnaître. Mais on voulait aussi leur donner une meilleure qualité d’enregistrement.

- Lymf : Est-ce que vous pouvez nous expliquer la signification du nom du groupe, No Innocent Victim ?
- Jason Moody : Cela veut dire qu’il n’y a pas de victime innocente (No Innocent Victim).... (rires)... en enfer. Tout le monde a un prix à payer. Personne ne pourra se tenir devant Dieu au jour du jugement et clamer son innocence en disant que c’est le monde qui est coupable. Voilà.

- Fab : 2 nouveaux membres dans le groupe, dont un guitariste supplémentaire. Qu’est-ce que cela change ?
- Jason Moody : Quand on a recommencé, on s’est en quelque sorte retrouvés ensemble. Je discutais avec Corey, notre guitariste sur les 3 premiers albums, qui avait quitté le groupe alors que Tim venait d’arriver. Depuis longtemps, on avait toujours aimé l’idée d’avoir 2 guitaristes mais cela ne s’est jamais fait. Mais on était aussi tous sur la même longueur d’onde, comme les raisons spirituelles de recommencer le groupe, donc ça a joué. Corey est parti après quelques mois et Dave est arrivé.
- Dave Quiggle : J’ai déménagé depuis la Pennsylvanie pour, à la fois travailler pour Facedown Records mais aussi pour le nouvel album de No Innocent Victim, To Burn Again. Tout s’est assemblé comme un puzzle. Neil Hartman a aussi déménagé de Pennsylvanie parce que sa femme travaillait en Californie et cela s’est passé précisemment au moment où nous en avions besoin. Et le groupe, Neil et moi-même avons toujours été des amis de longue date, comme des frères de NIV, tu vois ? On sait ce que c’est de vivre en tournée tous ensemble... tout ces trucs cools.

- Séb : A propos des tournées. Combien de fois êtes-vous venus en Europe et comment y est le public ?
- Jason Moody : On est déjà venu en 1999, mais sans ces types (Dave Quiggle et Tim Mason). No Innocent Victim était en Europe en 99 avec Corey et Kyle qui jouait à la basse. Ça été vraiment très différent. On a joué avec Agnostic Front quand nous sommes venus et c’était un public complètement différent. Je te parle de géants allemands, parce que le public de Agnostic Front est surtout composé de types immenses, des skinheads géants... ils sont vraiment immenses. On se sentait tout petits. C’était très différent de ce que nous avions vu, un aspect totalement différent de ces pays. Mais la dernière tournée en Europe et celle-ci ont été vraiment bonnes. Il semblait vraiment, spécialement pendant notre tournée en 1999, qu’il n’y avait pas cet espèce de hardcore dilué comme, je ne sais pas, le fashioncore ou quoi ce soit d’autre de trucs de ce genre. Je veux dire, en Europe, c’était de l’énergie pure, tu vois ?

- Fab : Vous êtes tous engagés dans plusieurs activités en parallèle, comment gérez-vous tout cela ?
- Dave Quiggle : En fait, avec NIV, on ne fait que ce que l’on est capable de faire, ce qui signifie des dates en week-end, ce genre de trucs. Là par exemple, on est venus en Europe pour 5 jours au lieu d’un mois. On doit se répartir un peu dans tous les trucs dans lesquels on est engagés.
- Jason Moody : Au lieu de prendre un van et de rouler, on va en avion quelque part aux USA, on fait 3 dates, on rentre à la maison. Tu vois, par exemple, Dave a des enfants.
- Dave Quiggle : Nos familles, c’est la priorité.
- Jason Moody : On est plus capable de faire plein de dates différentes.
- Dave Quiggle : Pour être simple, on joue quand on peut.

Questions relatives à DAVE QUIGGLE.

- Séb : Quand as-tu commencé à dessiner et qui ou qu’est-ce qui t’as inspiré ?
- Dave Quiggle : Ouais, en fait, comme la plupart des gamins : avec les bandes dessinées. Les bandes dessinées et l’art de rue, comme le tatoo, tu vois ? J’ai grandi et ai évolué dans ce genre d’art (Pendant ce temps, derrière lui, Jason Moody s’amuse avec un bonbon et fait des grimaces). J’était au collège et je jouais dans un groupe et plutôt que de faire de l’art dans une école d’art, j’ai décidé de faire mes propres designs de groupes et ça a commencé comme cela. Je crois que certaines personnes, des potes, ont apprécié ce que je faisais et m’ont demandé de le faire pour leurs groupes et du coup je l’ai fait et j’ai poursuivi et je continue encore et je suis chanceux de pouvoir encore faire tout cela. Si je regarde en arrière, des artistes comme Pushead qui a fait une bonne partie des designs pour Metallica ou des couvertures du magazine de skateboards Trasher, ont eu une très grande influence sur moi. Il (Pushead) travaillait dans la musique et je trouvais cela super cool et je me suis dit qu’un jour je voudrais faire comme lui. Ce que je veux dire c’est qu’il a été une très grande inspiration pour moi.

- Séb : Et sinon, est-ce que tu peux nous expliquer les différences entre davequiggle.com et blackrosedistrict.com ?
- Dave Quiggle : Alors, davequiggle.com c’est uniquement mon site de boulots personnels. C’est juste les travaux que je fais pour moi-même, pour d’autres personnes. (Derrière lui, Jason Moody continue de s’amuser avec les bonbons). BlackRoseDistrict, c’est plutôt pour des habits, pour de la vente, des trucs du genre. Je bosse sur BRD actuellement avec Jason de Facedown et c’est juste une marque de vêtements pour promouvoir les groupes. Tu vois comment ? On leur donne des t-shirts gratuits pendant qu’ils sont en tournée et ils font de la promo pour nous. Une sorte de promotion croisée. Mais c’est juste quelque chose de fun, plus un hobby qu’un truc professionel. Tu sais, on a jamais vraiment gagné d’argent avec, c’est juste pour le fun. Et c’est vraiment une petite entreprise parce que ce n’est pas dans nos priorités mais c’est quelque chose que l’on aime vraiment faire, mais seulement quand on le temps.

- Séb : Petite question à laquelle je pense à l’instant, mais sais-tu quand est-ce que ta série de t-shirt Straight Edge va sortir ?
- Dave Quiggle : (rires) C’est pour bientôt, très bientôt. J’ai un peu honte et je demande pardon à tout le monde. Malheureusement, j’ai du mettre la priorité sur plein de projets pour Facedown, pour moi et pour le groupe, mais c’est définitivement prêt d’être terminé et cela sortira probablement en septembre de cette année.
- Jason Moody : 2006 ? (rires)

- Fab : Et arrêtez-moi si j’ai tort mais tu tiens un studio de tatouages ?
- Dave Quiggle : En fait non, je n’ai pas de studio de tatouages. Quand j’étais à Eerie en Pennsylvanie j’ai tatoué un de mes amis qui avait un studio qui s’appellait Inkassassins qu’il avait lancé avec un autre pote à lui (Jason Moody est inarrêtable avec ses bonbons et fait, en plus, des grimaces). J’ai bossé là-bas mais je n’ai jamais voulu avoir mon propre studio, parce que je n’aime pas toute la paperasse et les calques en papier (NDT : pour poser les tatouages sur la peau) et traiter avec d’autres artistes et tout ça. Donc j’ai juste un peu tatoué à Eerie et maintenant en Californie, j’en fais de temps à autre.

Concernant JASON MOODY

- Fab : Une question à propos de ton projet parallèle, The Regal Line. J’étais très supris d’entendre ta voix dans ce groupe car c’est une voix très claire, très différente de ce que tu fais dans NIV, donc comment est-ce que tu as fait cela ?
- Jason Moody : Je suis dans ce genre de musique depuis des années et des années et j’avais l’habitude de conduire des types à des concerts en passant sans arrêt, dans le van, du Johnny Cash, pendant des heures.
- Tim Mason : D’ailleurs on a une blague à ce propos, parce qu’il y avait cet album (de Johnny Cash) que j’ai mis pendant plusieurs tournées et qui contenait cette chanson, « Delia’s gone » (Delia est partie) et tu vois le refrain « Delia’s gone, Delia’s gone », on l’a entendu tellement de fois quand elle commençait on disait « Delia’s on » (Delia est là), encore une fois, elle est là.
- Jason Moody : Ils font ces blagues derrière mon dos.
- Dave Quiggle : Quoi, c’était la première fois que tu en entendais parler ?
- Tim Mason : C’était y a 6 ans...
- Jason Moody : En fait je m’y suis mis quand il n’y avait pas grand chose à faire avec NIV. C’est là que j’ai commencé. Et je ne sais pas, ça a été bizarre d’écrire pour ce projet parce que cela me semblait super facile.
- Dave Quiggle : T’as écrit environ 100 chansons ?
- Jason Moody : Ouais, 110. J’ai écrit toutes les chansons du dernier album et j’en ai encore 10 ou 12 que j’aimerais enregistrer.

- Séb : Dernière question : qu’est-ce que vous attendez du concert de ce soir ?
- Dave Quiggle : Je ne crois pas que l’on ait d’attentes en fait.
- Jason Moody : No, sérieusement, juste prier pour que l’esprit de Dieu soit là.
- Dave Quiggle : Aucune importance que les gens soient intéressés ou pas, seuls comptent le bon esprit, la bonne énergie, tu vois comment ?
- Tim Mason : Tout ce que l’on peut faire.. c’est surtout pour cela qu’on est là, obéir à Dieu et si Dieu nous a appellés à faire cela, tout ce que l’on peut faire c’est se mettre à genoux et le laisser faire ce que Lui veut. Les trucs qui foirent sont tellement frustrants quand, tu vois... j’essaie de faire au mieux. J’essaie de suivre les projets que Dieu a. Dieu, tu vas être incroyable parce que tu vas faire cela et même maintenant je pourrais avoir des intentions différentes qui ne seraient pas ce que Dieu veut. Mais tu sais, on essaie tous de mettre Dieu en priorité et on veut juste lui obéir, ne pas se coucher, pour que le public ne nous voie pas nous, mais Lui et c’est tout ce que nous pouvons demander.

- Lymf : Un dernier mot à ajouter ?
- Jason Moody : J’aime la nourriture française.
- Un peu tout le monde : Ouais, les frites (en anglais, french fries, littéralement, frites françaises).
- Fab : Ouais, mais les frites sont de Belgique.
- Jason Moody : Sérieusement ?
- Dave Quiggle : Ouais, mais ils ne sont pas reconnus, du coup les français ont la renommée pour les frites. Il n’y a pas de justice ici-bas.
- Jason Moody : Et à propos des toasts français ?
- Tim Mason : Non, c’est Américain...

Photos du concert : Clique ici
Site internet : www.noinnocentvictim.com

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