Norma Jean - Bless the Martyr and Kiss the Child (2003)

publié par Séb le 23 octobre 2005

Auparavant connu sous le nom de Luti-Kriss, le groupe de Joshua Scogin change de nom avec la sortie de cet album. Le premier nom d’une des plus célèbres stars déchues américaines sera alors choisi, représentant l’ascension et la chute du rêve américain. Une déconstruction en bon et du forme. 11 titres qui, d’une manière ou d’une autre, amenèrent le hardcore plus loin. D’une écriture plus chaotique que jamais, les morceaux surprennent pourtant par leur construction efficace et précise, nous faisant assister à la naissance d’un véritable chef-d’ ?uvre.


Norma Jean - Blessed the Martyr and Kiss the ChildDès les premières chansons, les amateurs de belles mélodies savent qu’ils peuvent passer leur chemin. Sans prendre la peine de démarrer par une quelconque introduction qui puisse mettre à l’aise l’auditeur, the entire world is counting on me débute cet album en déversant une furie qui ne se calmera qu’à peu de reprises avec les morceaux suivants. Pour un non connaisseur du groupe ou de ce sous-genre du hardcore que l’on nomme affectueusement chaoscore, cet album risque de ressembler plus à une suite de sons incompréhensibles, totalement fouillis et incapables de former quelque chose de cohérent. Mais si l’on prend la peine de se pencher un peu plus sur ce cd, on découvrira peu à peu que la construction est non seulement d’une précision à toute épreuve, mais que l’ensemble de « l’œuvre » possède une cohérence et une logique indéniables. Et si l’écoute de "tracks" disparates reste tout à fait possible, Bless the Martyr and Kiss the Child reste surtout l’ouvrage d’une lecture suivie.

Comme dans tout bon disque qui se respecte, certains morceaux font plus forte impression, même si ici, l’auteur de l’article se voit bien ennuyé de mettre de côté certains titres au profit d’autres. Toutefois il ne serait pas trop peu recommandé de favoriser le mémorable Memphis Will be Laid to Waste, qui réussit en l’espace d’environ 6 minutes à synthétiser toutes les qualités de cet album impressionnant ; efficacité, puissance, chaos, précision, qui laissent à l’auditeur une impression de véritable morceau de bravoure épique et sans concession. Mais le groupe réussit un vrai tour de force en concluant son morceau avec la participation de Aaron Jonathan Weiss, chanteur et leader charismatique du groupe MeWithtoutYou, dans des sonorités qui laissent un sentiment de nostalgie furieuse. S’il n’y a pas une véritable utilité à détailler chaque morceau, 2 autres titres méritent tout de même que l’on s’arrête un instant. Pretty soon, I don’t know what, but something is going to happen impose sans le moindre doute 15 minutes ininterrompues de guitares effrénées. Ici, soit dès les premières notes, l’auditeur est happé par l’immensité développée par les musiciens, soit très vite l’ennuie s’installe, car l’aspect répétitif du morceau peut vite rebuter. Organized Beyond Recognition clôt l’album en déjouant, en apparence, tout ce qui a fait la force de ce cd jusque-là. Exit les guitares déchaînées et les rythmiques chaotiques, place à un riff simple, se répétant inlassablement, laissant au morceau le soin de se développer tranquillement, pour soudainement perdre le contrôle et se retrouver noyé sous un déluge de folie furieuse, et de conclure ce disque à peu de choses près comme il a débuté.

Si les textes de Norma Jean n’exposent pas explicitement la foi de ses membres en Jésus, leurs textes ne sont pas pour autant dénués de sens. On y trouve, tout au long des divers titres, une manière quasi-poétique et bien souvent remplie d’humour, d’exprimer leurs sentiments face à plusieurs sujets, ce que le titre introduit déjà (Bénissez le Martyr et Embrassez l’Enfant). Ce que continuera de faire le frontman Josh Scogin plus tard dans son nouveau groupe The Chariot.


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