Norma Jean - O God, the Aftermath (2005)

publié par Séb le 5 juillet 2006

3 ans se sont écoulés depuis Bless the Martyr and Kiss the Child, 3 longues années d’attente, durant lesquelles le groupe vécu un changement de line up majeur lorsque Joshua Scogin le quitta pour former The Chariot. 3 années qui permirent certes d’apprécier en long et en large le précédent album mais qui ne laissaient pas vraiment présager à quoi s’attendre pour le nouvel opus du combo d’Atlanta, plus surprenant et inattendu que jamais. O God, The Aftermath est bel et bien le digne descendant de Bless the Martyr and Kiss the Child et les mauvaises langues n’ont qu’à bien se tenir, Norma Jean est de retour, à n’en pas douter une seule seconde.


Il y a de cela un peu plus d’une année, Joshua Scogin, jusqu’à alors chanteur/guitariste du groupe, quittait ce dernier pour un nouveau projet, The Chariot (dont Eternel.ch a fait la chronique du premier album). A l’écoute de l’album de The Chariot mais aussi des morceaux tirés de O God, The Aftermath (les deux albums sont sortis à peu près simultanément), il était facile de se dire que tout ce qui faisait la force de Norma Jean se trouvait chez Scogin. Grossière erreur ! Certes, les différences sont plus que notables entre le chef d’oeuvre de 2002 et ce dernier album, mais il serait stupide de s’appitoyer sur la disparition de certains éléments appréciables (dont, principalement, la voix de l’ancien chanteur) tant il y a de points positifs à signaler. Si le son reste bien chaotique comme il faut (c’est bien pour ça qu’on est là, non ?), l’ensemble paraît plus puissant, plus imposant, grâce à des guitares lourdes, aux riffs agressifs et violents mais aussi grâce au nouveau chanteur, Cory, qui donne de nouvelles couleurs aux sonorités du groupe. Là où la voix de Josh était très sèche, celle de Cory se veut un mélange de hurlements glaçants et d’approche plus nuancée qui collerait bien sur du post-rock à la MeWithoutYou. Et si jusqu’à présent, votre serviteur n’a pas encore trouvé de morceau à la hauteur d’un Memphis Will be Laid to Waste (sur le précédent album donc), force est de constater que le groupe a gagné grandement en capacités musicales, tant certains morceaux semblent être amenés jusque dans leurs derniers retranchements. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter le premier morceau qui n’attend pas pour nous balancer, droit dans la face, une déferlante chaotique aux relents métals des plus impressionants qui soient. Et même si les premières écoutes ne furent pas totalement concluantes (relisez la chronique de l’album de The Chariot, vous comprendrez pourquoi), après avoir pris le temps de bien écouter chaque morceau, les faits sont là, O God, The Aftermath est un monument. Mais au monument aux pieds d’argile.

Après 2-3 écoutes répétées, il serait aisé de se dire que cet album est incroyable et d’en rester là. Mais ce serait oublier volontairement cette petite poussière dans les rouages qui empêche la mécanique de rester parfaitement huilée et l’album d’être un classique pour les années à venir. Bless the Martyr and Kiss the Child a marqué les esprits pour ses morceaux inovateurs, qui donnaient l’impression de partir dans tous les sens mais qui étaient surtout le fruit de beaucoup de travail et de logique. On pouvait passer sans discontinuer de 2 minutes de furie chaotique à 3 minutes de riffs simples sans que cela ne paraisse incongru. O God, the Aftermath, à l’exception d’un morceau central plutôt calme, est une succession de morceaux énervés, où le groupe se déchaîne du mieux qu’il peut. C’est sûr, un album bien bourrin ça fait toujours plaisir, mais de la part de Norma Jean qui avait su donner un équilibre sur le fil du rasoir 3 ans auparavant, cette explosion de guitares déchaînées paraît presque être une solution de facilité. Mais ce sentiment se ressent surtout à l’écoute complète de l’album et non de quelque chanson disparate. O God, the Aftermath reste, tout de même, d’un excellent niveau et se place dans le haut du panier des albums hardcore sortis ces dernières années.

L’une des grandes qualités de Norma Jean est de réussir à écrire des textes au premier abord étranges mais qui délivrent toujours un message on ne peut plus clair et net. O God, The Aftermath peut se comprendre en français comme O Dieu, la Conséquence. Le groupe, on le sait, est composé de musiciens chrétiens, ce qui laisse supposer que leurs textes reflètent leurs convictions, ce qui nous amène donc à penser que cette "conséquence" dont il est fait mention dans le titre est très probablement biblique. Conséquence du péché, notre monde part dans tous les sens et Norma Jean a su capter cela avec une ironie bienvenue sans pour autant oublier de mentionner, de ci de là, qu’une solution existe, qu’espérer n’est pas vain.

Ce qui est bien avec SolidState, le label du groupe, c’est que lorsqu’ils annoncent l’arrivée d’un nouvel album, on sait pertinemment que l’on aura droit à un design de qualité, toujours réalisé par les artistes de AsterikStudio. Ici, on ne déroge pas à la règle, puisque visuellement l’album est une pure merveille (et là je ne parle que de la première édition, car la 2ème, encore plus aboutie, contient, en bonus, un dvd et un morceau caché qui se trouve... avant le premier morceau). L’intérieur contient des photos de personnages dont différents matériaux leurs rentrent ou sortent du corps (des bris de verre, des branches) dans un environnement ultra sobre. Mais pour vous en convaincre, rendez-vous sur Asterikstudio.com où vous pourrez admirez toutes les créations réalisées jusqu’à présent par les frères Clark et leurs acolytes.

O God, the Aftermath signe le retour sur le devant de la scène (mais l’avaient-ils vraiment quittée ?) du combo d’Atlanta, avec force talent, où les capacités incroyables du groupe explosent aux tympans de l’auditeur, créant une addiction difficilement combattable. 3 ans après l’exceptionnel Bless the Martyr and Kiss the Child, Norma Jean nous prouve qu’il reste un groupe important, nécessaire même.

Norma Jean : www.normajeannoise.com
SolidState Records : www.solidstaterecords.com
AsterikStudio : www.asterikstudio.com


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