The Chariot - Everything is alive, Everything is Breathing, nothing is dead and nothing is Bleeding (2004)

publié par Séb le 23 octobre 2005

Si l’on s’en réfère au message de la première page à l’intérieur du livret du cd, on peut y lire que le groupe a choisi d’enregistrer son album à l’ancienne méthode. Prise de son unique, enregistrement sur tables analogiques, Le Chariot n’a peur de rien ; tant que la possibilité d’obtenir un son plus authentique -nous disent-ils- est envisageable. Cette manière de faire peut peut-être paraître quelque peu prétentieuse et pas vraiment utile, le groupe réussit toutefois à tirer à soit tous les avantages que cette pratique offre. Le son se veut dès lors, plus destructuré, mais aussi plus organique.


The Chariot - Everything is alive, everything is breathing, nothing is dead and nothing is bleedingNous retrouvons ici Josh Scogin, ancien chanteur de Norma Jean. Sa voix, reconnaissable entre mille, réussit à se placer, (presque) sans faillir, au milieu des déchaînements chaotiques provoqués par les musiciens. Si face au premier disque de Norma Jean cet album tient difficilement la comparaison, on ne pourra en revanche que le trouver meilleur par rapport à O God, the Aftermath, seconde galette du groupe précité... ce qui pourrait en faire une sorte de suite officieuse de Bless the Martyr and Kiss the Child, chef d’œuvre absolu du genre. Mais ne nous arrêtons pas sur de basiques comparaisons. Everything is alive etc. est suffisamment riche pour permettre plusieurs écoutes de suite sans se lasser et découvrir à chaque fois quelque chose de nouveau. Les guitares saturent dès les premiers morceaux, et la sonorité du groupe réussit à trouver le bon compromis entre puissance lourde et résonances rock’n roll dues aux conditions d’enregistrement de l’album expliquées plus haut. La voix de Scogin ressort aussi plus indépendante que sur ses précédentes productions. On le sent hésiter, mais aussi réussir à s’imposer quand cela est nécessaire. Cette espèce d’incertitude constante parcourt d’ailleurs l’opus du début à la fin, dans un chaos gentiment orchestré. Si l’intégralité du cd est bonne, voir même très bonne quand elle n’est pas excellente, on se permettra de retenir en tout cas 2 titres. Die Interviewer (I am only speaking german) débute sur une mélodie jouée par un banjo au son crasseux pour vite s’imposer comme l’un des morceaux les plus explosifs de cet album. Une sorte de mètre étalon de ce qui se fera sur les autres (même si en termes émotionnels, il convient bien évidemment de débuter par le premier plutôt que par celui-ci). And then, came then, s’avère être la chanson suivant directement celle précitée. Construit à partir d’un enregistrement vieilli de violons, le morceau possède une étrange nostalgie qui s’accorde tout à fait au texte, qui nous conte sans détours l’arrivée de l’apocalypse, le temps de quelques lignes. Un texte bref et sec, d’un style plutôt froid, qui se voit justement justifié par la composition musicale que le groupe joue créant un paradoxe intéressant.

Les textes du groupes sont à propos bien souvent clairs quant à leurs convictions. Mais l’on ressent très fortement l’influence et le style du chanteur, dans ces paroles parfois mystérieuses, parfois emplies de symboles, qui s’arrêtent aussi sur quelques questions de manière plutôt absurde. Comme cette chanson qui, comme l’indique son titre, se veut une allégorie d’une Jérusalem qui a perdu sa foi tout en parlant de l’Amérique natale du groupe. Des textes à plusieurs sens qui méritent de prendre du temps à être interprétés.

On retiendra aussi le titre d’une chanson qui se trouve être plus long que ses paroles... ou presque.

Si au final, l’album impressionne par les différentes qualités qu’il expose (précision musicale, textes inspirés et passionnants, musique pleine d’originalité), on se surprendra tout de même un minimum de ne pas le garder en tête bien longtemps (contrairement, une fois de plus -mais on ne le dira jamais assez- à l’immense Bless the Martyr and Kiss the Child qui malgré son apparent chaos devenait assez rapidement mémorisable.). Mais le simple fait de se rappeler que l’on a là le premier album de ce groupe laisse presque rêveur en imaginant les projets à venir.


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