Chicago - USA - The Old Timers (Juillet 2012)

publié par Aifix le 29 novembre 2012

The Old-Timers est une formation punk atypique ! Il nous semblait intéressant de les interviewer pour en savoir plus sur leur démarche. A l’occasion du Cornerstone Festival aux USA, nous en avons profité pour poser quelques questions à Dave, leur chanteur. Le bonhomme n’a pas la langue dans la poche. Et bien que les conditions n’étaient pas idéales (il était très tard...), j’espère que cette interview vous donnera envie d’écouter The Old-Timers.


Peux tu présenter le groupe et dire quelques mots à propos de ton rôle dans le groupe ?

Oui, mon nom est Dave. Je suis le chanteur des Old-Timers. Actuellement le line-up est moi-même, un gars appelé Don qui écrit à peu près toute la musique, et nous avons aussi fait appel à Matt, qui a joué de la batterie pour nous. C’est à peu près tout, en ce qui concerne les présentations...

D’accord. Comment tu définirais le style de musique que vous jouez ?

Heu... Je dirais que... C’est toujours une question un peu difficile pour certains groupes ! En fait, j’avais pas vraiment réalisé qu’il pouvait être délicat de répondre à ce genre de questions avant de commencer à faire de la musique. Je pense que je définirais notre style en tant que punk-hardcore. Je ne suis pas sûr que Don m’approuverait (rires). Et c’est vrai qu’on a pas mal d’influences différentes... C’est clairement punk. Mais essayer de trouver la tendance précise, l’endroit exact où on se place dans la mouvance punk, ça serait dur. Car les influences de Don vont plus du punk ’77 à l’anarcho-punk façon années 80. Alors que mes influences, en terme de style vocal, pencheraient plus vers le youth crew, le hardcore américain du début des années 80. Minor Threat et ce genre de trucs. Ça marche, j’ai l’impression... Mais c’est vrai que ça fait pas mal de variété. Et c’est assez dur de nous classer dans une catégorie, car la musique pourrait rentrer dans telle case, le chant dans une autre, tu vois.

Et donc, dans tout ça, toi tu joues de la basse et tu chantes c’est ça ?

Non... Enfin, je sais jouer de la basse mais j’en joue pas dans ce groupe-là. Je ne fais que le chant. Don met toute la musique ensemble après avoir enregistré la guitare et la basse.

Ah d’accord, je comprend mieux !

Oui, c’est un groupe un peu étrange... Mais on vis à 12 heures de route l’un de l’autre. Et on a jamais vraiment réfléchi à quoi ça ressemblerait si on jouait en live tu vois...

…Attend, tu es en train de me dire que vous vivez à 12 heures de route l’un de l’autre ? En Afrique du Sud donc ?

Ouais... Enfin entre 6 et 12 heures. Je vis a Cape Town et il vit à Port Elizabeth. Et si je vais en bus dans sa ville, il faut que je compte à peu près 12 heures de trajet. Mais si je prend ma voiture, je peux probablement y arriver en 8 heures si j’y vais directement. Donc, nous avons mis en place tout le projet, en utilisant internet. Don a mis toute la musique ensemble, l’a envoyée aux USA, où Matt y a rajouté la batterie. Puis, Seth, aussi originaire de Port Elizabeth a mixé le tout, m’a envoyé ce que ça donnait pour que j’y ajoute le chant. Une fois que c’est fait, je lui renvoie les enregistrements, il mixe le tout. A la fin, il envoie le résultat à un autre gars, qui vit dans une autre partie des USA, pour le mastering. Donc en gros, à chaque étape, ça transitait par internet et c’est ça qui a rendu possible le projet. Mais c’était un peu compliqué !

Oui ! C’est clairement le projet le plus original sur lequel il m’ait été donné de me pencher avec eternel.ch. Et donc, comment c’est arrivé ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce que vous faites en Afrique du Sud ?

En termes de "comment le groupe est né", en gros, je suis allé à un concert de Becoming The Archetype en 2010. La bas j’ai rencontré ce gars qui portait un t-shirt du groupe The Crucified et un hoodie du groupe Tourniquet. Et j’étais là « tiens, je dois parler à ce gars ! » tu vois ? Et donc son nom est Stefan et depuis on est devenus de bons amis. Et c’est lui qui m’a présenté Don. Il n’y a pas beaucoup de fans de punk rock chrétien en Afrique du Sud donc assez naturellement je suis resté en contact avec eux deux, surtout Don. Un jour avec ma femme on est allés lui rendre visite, dans la ville où il vit. Et on s’est rendu compte qu’on avait beaucoup de choses en commun : la musique mais aussi nos ministères. Ensuite, je suis revenu à la maison et quelques mois plus tard, j’ai reçu un e-mail de Don qui disait « j’ai composé un peu de musique, j’aimerais que tu l’écoutes ». Il m’a envoyé quelques chansons et j’étais là « mais c’est pas mal du tout ! ». Donc je lui ai répondu « Écoute, j’aime beaucoup ce que tu m’as envoyé. Est-ce qu’éventuellement tu serais intéressé pour que je rajoute du chant par-dessus ? ». Mais à ce moment-là, c’était plus pour rigoler. Je n’avais aucune intention de pousser le truc plus loin. L’idée c’était plutôt « amusons-nous ! » tu vois ? Donc il m’a envoyé ensuite une dizaine de chansons, j’ai gardé celles que je préférais et j’ai enregistré le chant dans mon jardin avec le micro d’un ami. C’est ce qui nous a permis de mettre une démo 5 titres en écoute sur Bandcamp.

A ce moment-là, pour nous, c’était toujours pour rigoler mais rapidement on a eu des bons retours. Les gens nous disaient « vous avez un son cool », etc. Alors qu’on espérait rien ! Et si je devais être honnête, je dirais que la qualité était assez mauvaise, notamment à cause de la compression mp3... C’était... C’était brut ! C’était le mieux qu’on pouvait faire à l’époque mais c’était brut. Pourtant, un très bon ami à moi a beaucoup accroché et nous a encouragés à enregistrer un album, nous garantissant un financement. J’en revenais pas. Dès lors, on a commencé à y réfléchir et à mettre des idées ensemble, pour des nouvelles chansons.

Don est très prolifique. Chaque semaine, il écrit de nouvelles chansons et tout. On avait déjà un large choix de chansons, ce qui était assez cool. Mais finalement, la situation a changé et mon ami a eu peur de ne pas pouvoir réunir suffisamment d’argent. Ça ne nous a posé aucun souci car on était déjà très reconnaissants qu’il ai crû en nous l’espace d’un instant. Il nous alors dit en gros : « Laissez-moi contacter quelques amis à moi et je vais voir ce que je peux faire ». C’est là qu’il a contacté David du label Thumper Punk Records. Et ces derniers ont donné le feu vert. Ensuite, on a commencé le processus de création de l’album, avec les différentes étapes, comme je l’ai expliqué avant.

Sinon, tu as pas mal évoqué le son du groupe mais qu’est-ce qu’il en est de votre philosophie ? Est-ce vous vous considérez comme un groupe de punk ou un groupe de punk chrétien ?

Heu... C’est une grande question. Je dirais qu’on est un groupe de punk. Mais aussi qu’on est des chrétiens dans un groupe de punk. En fait je l’ai juste réalisé cette semaine, quand j’étais au Cornerstone Festival, grâce aux conversations que j’y ai eues. Parce qu’en fait cette dichotomie, le fait de mettre d’un coté le punk et de l’autre le punk chrétien, et bien c’est une fausse dichotomie. Je pense que, automatiquement, en tant que groupe on a une mission. Nous en premier lieu, on veut glorifier Dieu.

Deuxièmement, on souhaite rejoindre les gens et les bénir. À-travers nos paroles mais aussi des rencontres. On a rencontré plein de gens grâce à ce projet, ce qui est génial. Et la troisième chose c’est de s’amuser. Depuis le départ, on souhaite s’amuser. On ne veut pas se prendre trop au sérieux. Et je pense que pour pouvoir faire ces choses, tu peux pas séparer "punk" et "punk chrétien". Par exemple, je ne peux pas rejoindre les gens si j’arrive vers eux en leur disant « Désolé mais je suis chrétien et vous ne l’êtes pas, donc on peut pas traîner ensemble. » tu vois ? Et je sais que Don pense pareil. On a parlé à beaucoup de mecs dans la scène, chrétiens et non chrétiens, et on veut les aimer. Et je pense qu’on essaye juste d’être un groupe de punk, mais aussi de se conduire en tant que chrétiens, dans la scène. De plus, il est clair que certaines de nos paroles font clairement référence à notre foi. Peut être que parfois ça peut offenser certaines personnes, ce qui n’est pas notre but. Par contre, on veut annoncer l’amour du Christ pour les gens.

Ça me fait un peu penser à un groupe allemand qui s’appelle Praiser. Qu’est-ce que tu en penses ? Tu te sens proche d’eux en terme de positions ?

Ouais, je pense ! Bon, de ce que j’ai entendu à propos d’eux, ils sont très engagés dans leur scène, à Hambourg. Tout le monde les connait et ils sont très respectés. Alors qu’ils n’évoluent pas uniquement parmi des chrétiens... Et je pense que si on peut atteindre ce genre de juste milieu, j’en serais très heureux.

Ok, je pense que ça répond bien à ma question sur vos positions dans la scène. Mais en ce qui concerne les chrétiens qui écouteraient ce groupe et qui seraient curieux d’en savoir plus sur ce qui vous inspire : considères-tu ce groupe comme un ministère ou plus comme quelque chose pour s’amuser ?

Je pense qu’on peut clairement dire que ce groupe est un ministère, pas prioritaire, car comme je l’ai déjà dis on est déjà engagés dans des ministères principaux. Moi je suis l’assistant d’un pasteur par exemple. En plus, on a tout les deux des enfants, ce qui demande aussi du temps. Donc le groupe est pas quelque chose sur lequel on s’investit à plein temps. Mais on y met tout notre cœur. Et je pense que ça porte ses fruits, car on se retrouve à être en contact avec beaucoup de personnes. Par exemple, récemment on a eu une super opportunité avec une station de radio basée en Californie, spécialisée dans l’anarcho-punk. Et par le passé, ils ont été connu pour être particulièrement acerbes vis à vis des chrétiens. Et ils ont vraiment aimé ce qu’on fait ! Ils ont même diffusé nos morceaux sur leur station et interviewé Don il y a quelques semaines. Donc on a des supers opportunités de rencontrer des gens, à la fois chrétiens et non chrétiens. Et en ça, ce sont des super occasions de partager le Christ avec eux et partager notre cœur avec eux. Donc pour nous, c’est une sorte de ministère à travers ces relations. Et le groupe est la base de ces relations.

Mais, en plus de tout ça, on veut aussi s’amuser, tu vois ? Donc c’est un ministère, mais comme je l’ai dis, on ne veut pas se prendre trop au sérieux. On a même fait des chansons assez légères. On prend le groupe au sérieux, mais on ne se prend pas nous-mêmes trop au sérieux. Car c’est très facile quand le succès te monte à la tête, de croire que tu fais quelque chose de très spécial. Alors, tu prends de la distance vis à vis des gens... Donc on souhaite rester très terre à terre, car on est juste des mecs normaux.

Ok... J’avais une autre question qui m’est venue, mais je l’ai oubliée car j’essayais de rester concentré sur ce que tu disais (rires)... Désolé, de faire l’interview aussi tard alors qu’on commence à être fatigués !

Non, pas de problème ! Je pense même que c’est le moment parfait pour ça, c’est peut être plus réel. Car quand je suis fatigué donc je parle avec mon cœur. L’interview sera peut être plus réaliste ainsi.

Ça y est, la question m’est revenue ! C’était à propos des concerts. Sujet important. Est-ce vous avez fait des concerts ou prévoyez-vous d’en faire ?

En fait, nous n’avons pas joué une seule fois en live pour le moment. Principalement, à cause de la distance entre nous, évidemment. Mais ça arrivera un jour. Et quand ça arrivera, on devra recruter des musiciens. Car, bien que je le souhaiterais très fort, je ne peux pas jouer de la basse et chanter en même temps ! J’aimerais bien, mais je n’en ai pas la capacité. Donc on va devoir recruter des gens, et sans doute répéter avant. Pour le moment c’est un peu compliqué à organiser. Mais c’est clairement quelque chose dont on parle et qu’on veut faire. Et quand ça arrivera, on va s’assurer de faire des vidéos et des trucs du genre.

Dernière question, quel est le futur des Old-Timers ?

Pour le moment, on est focalisés sur l’album, on va essayer d’en faire un peu la promo. Car Thumper Punk Records a beaucoup travaillé pour nous. On aimerait rendre la pareille. Et les ventes seraient une bonne chose pour le label. On a aussi fait une vidéo pour le titre « This City », que l’on peut trouver sur notre page Facebook. Et dans un second temps, on aimerait beaucoup faire un concert. Enfin, à long terme, on aimerait faire de nouveaux enregistrements. Peut être un, si ce n’est deux, split-EP avec différents groupes. Je peux pas vraiment en dire plus pour le moment... Mais ça arrivera sans doute l’année prochaine, avant qu’on sorte quoi que ce soit d’autre.

D’accord, on gardera un œil sur votre actualité alors !

Heu... Je peux ajouter une dernière chose ? Je voudrais dire qu’on souhaite juste donner à Dieu toute la gloire, pour ce qui arrive. Car c’est complètement Lui qui ouvre les portes. A chaque fois, c’est Lui qui nous a permis de franchir les étapes dans la construction de cet album. Donc on veut reconnaître que c’est grâce à lui, lui donner toute la gloire. Et c’est pour ça qu’on a appelé l’album Soli Deo Gloria. En latin cela signifie « Gloire à Dieu ».


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