Zao - Awake ? (2009)

publié par Marcounet le 6 juin 2009

Précurseur du metalcore, groupe insaisissable tantôt larvé par les changements de line-up, tantôt en quête de lumière dans la vallée de l’ombre de la mort, le monument Zao revit ou du moins en donne l’illusion.


Awake ? Le titre du 10e (enfin 9e et demi, All else failed oblige…) album du groupe pennsylvanien pose la question qui tue. Alors Zao, après avoir alterné le meilleur et le pire depuis 1993, s’est-il réveillé ? Difficile de répondre à cette question. Après trois ans d’abstinence, la formation du frontman Daniel Weyandt livre une galette de qualité inégale, un peu comme si ses 16 ans de route se retrouvaient résumés en un album.

Une fois n’étant pas coutume, Zao a pu tabler sur le même line-up que lors de l’opus précédent The fear is what keeps us here, pour entreprendre un nouvel épisode de ses aventures sulfureuses. Ainsi, autour de l’hurleur Weyandt, on retrouve le fidèle guitariste Scott Mellinger – lequel s’essaie également sans grand succès aux backup vocals –, le bassiste Marty Lunn et le batteur Jeff Gretz. Un gage de qualité sans doute renforcé par la présence de Tim Lambesis (As I Lay Dying) à la console de production.

Pourtant Awake ne convainc personne. Zao n’innove plus, ne surprend plus, ne démange plus. Son style était précurseur et délicieusement dérangeant dans les années 90. Il se confond aujourd’hui dans le peloton du metalcore. Certes les Pensylvanniens possèdent encore de beaux restes et l’abondant ajout de parties mélodiques n’est pas forcément détestable. Il aurait toutefois fallu savoir les maîtriser… Et c’est là que le bât blesse. Les parties chantées sonnent faux d’un bout à l’autre de l’album. Là où As I Lay Dying a su retirer un bénéfice magistral de l’adjonction des voix claires à ses compilations, Zao se noie. Que dire dès lors d’un album très pro et trop propre ? Rien, sinon qu’il en faudrait certainement plus pour choquer les fans inconditionnels du groupe. Le tortueux voyage de Zao au fil des années les a sans doute suffisamment affermis pour encaisser le choc. Car hormis ces pérégrinations douteuses dans les sphères claires du vocalisme et une certaine facilité dans les compositions, Zao reste Zao !

Peu de combos peuvent en effet s’enorgueillir de produire une telle alchimie que celle engendrée par les précurseurs du metalcore. Le jeu des guitares folles se marie toujours aussi bien au hachoir de la basse et des toms cinglants. Le tout est toujours aussi complémentaire aux hurlées de Weyandt, dont la voix est clairement le 4e instrument du groupe. Bref, à défaut d’être réveillé, Zao n’est en tout cas pas endormi. La rage et le désespoir de l’animal blessé sont toujours perceptibles et la délicieuse hargne dispensée tout au long du parcours de Zao demeure presqu’intacte. Délivrés à bon escient, les breakdowns et autres riffs envolés sont toujours au menu, fort heureusement.

Au niveau des paroles, il n’y a pas vraiment de surprise. Comme chacun le sait, ou devrait le savoir, Zao s’est mis un point d’honneur à se distancer de la scène chrétienne. Pas d’évangélisation coup de poing en perspective donc. Tout juste un texte sibyllin. Dans What Will You Find dans lequel le groupe interpelle son auditoire : « You conform your faith, Making your opinion truth, Lash out every time something disagrees with you, You’re obsessed with protecting some type of pride ». Autrement, le groupe aborde des thèmes tels que l’hypocrisie ou encore le suicide, dans un titre « The World Caved In », en hommage à un ami d’adolescence du guitariste Scott Mellinger, qui a mis fin à ses jours. Quant au covert art de l’album, il a été confié à l’artiste Gabe Felice. Très complexe, il est expliqué ici dans la langue de Shakespeare.

Groupe : Zao
Label : Ferret
Cover Art : Gabe Felice


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